vendredi 31 janvier 2014

"L'Amour est un Crime Parfait", Arnaud et Jean-Marie Larrieu

Cette critique n'est que la mise en forme d'une longue discussion que j'ai eue au sujet du film sur les RÉSEAUX/SOCIAUX avec une certaine A.H. qui mérite donc une nouvelle référence sur mon blog de superstar : poke. (Saperlipopette, je voulais linker "ArchDélit" sur tes initiales, enfin NORMAL, quoi, et en fait, il est plus en ligne ? Mais tu laisses désormais l’ENTIERE responsabilité à "Assurément" de rendre le Net intéressant, et tu me préviens pas ?) Dans tous les cas, je vais vous parler de "L'Amour est un Crime Parfait", même si ça fait deux fois que j'écris "une Crime Parfait" pour une raison inconsciente qui m'échappe encore.


Les frères Larrieu posent immédiatement le cadre : avec d'incroyables plans, aussi anxiogènes que fascinants, sur les lacets enneigés des Alpes la nuit, le thriller débute. Tout le long, il prendra place dans cette mise en scène frôlant la perfection. Amalric le dira : "le paysage est une expérience de soi" - aussi, les mystérieuses montagnes, blanches et décharnées, se montrent faussement tranquilles ; les vitres de cette école transparente et tortueuse glissent à travers des mouvements de caméra magnifiquement maîtrisés ; le huis-clos du chalet atteint un niveau de glauque gluant et captivant. La photographie est délicieuse, parfois étonnamment vive, et la réalisation en totale adéquation avec son sujet.


Le même soin obsessionnel est accordé à la narration : les dialogues, construits et alambiqués dans leur langage souvent soutenu, n'en sont pas moins délectables, les pistes de réflexion sur la littérature se révèlent fréquemment intéressantes, et, surtout, sans cesse, dans cette œuvre, les mêmes éléments d'écriture se recroisent, se correspondent, se rappellent, se référencent. L'exposition, subtile et intrigante, pose bien les bases du genre, et dès lors, on accepte avec enthousiasme de découvrir les personnages pervers, portés par un casting démentiel et choisi avec intelligence : Karin Viard fonctionne, comme toujours, dans les rôles de frustrée mauvaise et touchante ; et qui d'autre que Sara Forestier pour user de cet habituel dynamisme un peu dissocié, mais cette fois avec une touche de psychose inquiétante qui complexifie encore son jeu et son parcours ? Maïwenn constitue quant à elle un choix moins évident et peinera parfois à exprimer toutes les nuances que son rôle imposait.


Et c'est bien sûr sur les épaules chevronnées de Mathieu Amalric que repose tout le reste du film. Ses capacités ne sont plus à prouver et la confiance que les réalisateurs lui accordent ici transparaît clairement. Cependant, rapidement, toute cette maîtrise s'effiloche : la résolution se fait on ne peut plus explicative, et tristement précoce et progressive. Tous les doutes, pourtant si précautionneusement installés, sont désamorcés un par un par le scénario lui-même. Certes, quelques différences d'interprétation seront possibles sur certains tournants de l'histoire ; mais au total, les révélations seront distillées avec trop d'indiçage, puis excessivement explicitées... Aussi les quelques surprises ne seront jamais totales. La tournure que prennent les choses manque globalement de l'ambition à laquelle elle nous avait préparés. On ressort donc avec une impression mitigée, face à cette forme impeccable au service d'un fond décevant.



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