mardi 23 septembre 2014

Je suis parti

Coucou toi.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins parce que tu t'en doutais. C'est décidé : je m'en vais. Il y a plusieurs raisons, j'espère que tu comprends.

D'abord, je me suis enfin rendu compte (il m'aura fallu le temps) que c'était peut-être un peu présomptueux de critiquer des films alors que je n'ai pas la culture cinématographique pour y prétendre et que mon avis ne vaut pas plus que le tien, par exemple - alors, il ne devrait pas être plus vocal que le tien.

Ensuite, je n'ai plus trop, trop besoin d'un endroit où je peux respirer autre chose que de la cardiologie. Parce que je ne vais plus faire la cardiologie (entre autres, c'est un exemple, ne t'inquiète pas, je ne vais pas faire de néphrologie pour autant). Je n'ai plus besoin de reprendre mon souffle parce qu'enfin je prends l'air.

Et puis dans ma tête, depuis le début, je voyais mes petits articles comme une sorte d'exercice de style. Je sais bien que je ne m'appelle pas Queneau, mais ça m'amusait d'essayer un peu une rédaction argumentative et ampoulée. Seulement, ça ne ressemble plus à ce que j'ai envie de faire maintenant. Maintenant, j'ai envie de parler avec toi comme au-dessus d'une tasse de thé.

En plus, le blog me donnait l'impression d'avoir un devoir de rapport, cela devenait une corvée alors que tu sais bien que l'art devrait rester un enchantement. Et si j'ai appris une chose récemment, c'est bien qu'il ne sert à rien de faire des choses qu'on n'a pas envie de faire.

Enfin, je crois que parfois, le blog te donnait l'impression que je n'aimais pas beaucoup les choses. Alors que j'adore adorer les choses. Juste parfois je n'y arrive pas. Mais je préfèrerais. Tu vois ?

Ne t'en fais pas, je ne pars pas loin. Je reviendrai sous une forme ou une autre, avec d'autres paragraphes, d'autres codes HTML, d'autres designs ratés, d'autres tirades, d'autres fautes, d'autres liens, d'autres bêtises. Tu me connais, à force, tu sais bien que malgré toute ma bonne volonté, je suis incapable de me taire. J'aime bien que tu m'aimes bien pour ça aussi. Et moi je t'aime parce qu'au fond, ça te fait sourire aussi.

Je t'embrasse. A bientôt, assurément.

I.

jeudi 26 juin 2014

"Palo Alto", Gia Coppola


Pour convaincre à la production de son premier long-métrage, Gia Coppola a probablement dû jurer aux responsables qu'il ressemblerait à s'y méprendre à une œuvre de sa tante. Dont acte : on y retrouve la musique aérienne, la contemplation désabusée, l'esthétisme pastel, l'obsession commune. Palo Alto" expose un groupe d'adolescents qui trompent l'ennui et la mélancolie en expérimentant sexe, drogues et délits divers... A travers une photographie pâle, les diverses provocations que le film propose ne choquent pas plus que celles que ses personnages commettent : malgré toute leur gueule, elles sonnent seulement comme des tentatives plus ou moins vaines pour se faire remarquer. On parviendra à toucher du doigt quelques moments d'une justesse fragile et touchante, mais cette sorte d'épisode de Skins à la sauce familiale Coppola se conclura d'une façon bien trop sage pour apporter quoi que ce soit qui n'ait été mieux dit par ses prédécesseurs. Aussi devra-t-on attendre la fin de la crise d'adolescence : pour que, loin des attentes familiales et des influences asphyxiantes, Gia puisse devenir personne à part entière, pour le meilleur ou pour le pire.



mercredi 25 juin 2014

"Bird People", Pascale Ferran




Dans ce film en deux parties se déroulant dans un hôtel près de l'aéroport de Roissy, un business-man américain décide de tout quitter et une jeune femme de chambre s'envole. C'est une histoire de fuite loin de l'enfer du quotidien et de la morosité de la routine : la première est littérale, l'autre fantastique. Cela implique malheureusement la mise en place d'un réalisme appliqué qui peine à intéresser, laissant l'ennui s'installer avec conviction et langueur... Aussi l'audace des idées qui veulent soudain le rompre s'essouffle trop vite. Le charme habituel d'Anaïs Demoustier et la grâce élégante des plans aériens sur la ville désenchantée ne suffisent pas à ensorceler suffisamment un long-métrage trop long. Par moments, on pressent juste ce qu'il aurait pu être, dans sa narration étonnante, sa magie assumée, son propos mélancolique... Toutefois, alourdi par une mise en scène kitsch et une poignée de poncifs pesants qui se rangent dans un dénouement trop sage, le principe simple et joli du film manque en fait cruellement de la poésie légère à laquelle il semble aspirer.


Remember me?


dimanche 11 mai 2014

"Frozen" / "La Reine des Neiges", Jennifer Lee & Chris Buck

Assurément sort rapidement de son hiatus à J-15 pour vous parler d'un problème de la plus haute importance concernant le dernier Disney à succès : "Frozen". Il s'agit là, comme mes cours aiment à l'attribuer à la moindre maladie, d'un PROBLÈME DE SANTÉ PUBLIQUE. En tant que critique de cinéma extraordinaire et médecin J-15, j'étais obligé de vous prévenir.

Alors oui, CERTES, c'est super mimi, ça sort un tout petit peu des sentiers battus, c'est très beau, y'a Kristen Bell qui fait la voix d'Anna et ça donne envie d'être en hiver et en été à la fois (hashtag Game of Thrones), la glace c'est super joli, le bonhomme de neige est trop rigolo, ça vous fait un point commun avec vos nièces et surtout ça vous permet, si vous le regardez dans votre lit, de rêver de givre et d'amour plutôt que de glomérulopathie et de méningite... 

OUI... CERTES.

MAIS...

IL NE FAUT SURTOUT PAS REGARDER CE FILM. 

Pourquoi ?

Pourquoi ?

Oh, comme votre ignorance est rafraîchissante.

Parce que si vous regardez ce film, vous serez atteint de la même maladie dégénérative que moi-même. A savoir vous aurez ça : 



dans la tête. TOUT LE TEMPS. TOUT. LE. TEMPS. Et ça ne s'arrêtera jamais. Et la chanson n'est pas si ouf pourtant mais LET IT GO LET IT GOOOOOOOOOOOO

Vous l'écoutez, là, et vous vous dites que ça va, que vous échapperez à l'épidémie, que cette chanson est vraiment pas merveilleuse ni même addictive, qu'ils sont marrants ceux qui disent que ça reste dans la tête, qu'ils ont pas fait d'effort, que vous, le cold never bothered you anyway, oui, oui, mais je suis passé par ce stade moi aussi, c'est celui du DÉNI; et après, on réécoute, parce que bon, le film était quand même big mimi (C) et tout, et puis vous vous dites que c'est touchant, ce thème de l'ostracisme et de l'éloge de la fuite, cela raisonne avec vos expériences, et puis c'est quand même entraînant, et puis vous adorez ce moment au premier refrain où elle fait jaillir de la poudreuse, et c'est DEJA TROP TARD. En moins de deux, vos voisins vous détestent, vos enceintes vous détestent, vous vous détestez. Et ça ne s'arrêtera jamais, je crois, oui, je crois que ça ne s'arrêtera jamais.

Pour une chanson qui parle de liberté, c'est bien ironique de se retrouver autant à sa merci. Il est trop tard pour moi mais SAUVEZ-VOUS SAUVEZ-VOUS PAUVRES FOUS NO RIGHT NO WRONG NO RULES FOR MEEEEEEEE

I'M FREEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE

LET IT GOOOOOOOOOOOOOO

PS: ce post peut contenir des traces de décompensation pré-concours.

jeudi 27 février 2014

"Lulu Femme Nue", Solveig Anspach

Lulu est une mère de famille de la classe moyenne qui se met en tête de trouver un emploi, elle a "envie de travailler". Mais son entretien d'embauche pour être secrétaire se passe mal, face à un DRH peu avenant, et soudain, elle n'a pas envie de rentrer à la maison. Elle prend un hôtel dans cette petite ville côtière et, chaque jour, l'envie de rester, loin de sa famille, persiste...


Autant vous dire que je n'y croyais pas du tout. On aurait dit une resucée du pourtant très récent "Elle s'en va" (avec Catherine Deneuve dans le rôle de la paumée qui part dans un road-trip où elle apprendra à renouer avec sa famille, trouver l'amour, s'accomplir en tant que femme, ce genre de choses), qui plus est mes rapports avec Karin Viard sont, au mieux, conflictuels. Je sentais venir le film plein de bons sentiments dégueulasses avec des personnages caricaturaux dans une histoire inintéressante.


Et il y a de ça, en vérité. Pas mal de facilités, une poignée de stéréotypes, une résolution trop pratique, bref, tout ce que le cinéma français fait de moyen, parfois. Mais pourtant, ce film n'est pas mauvais. Peut-être étais-je juste dans un particulièrement bon soir pour le voir (après dix heures passées face à des photos de maladies dermatologiques, tout paraît magnifique, ça se tient), mais je comprends pourquoi "Lulu femme nue" a été salué par la critique. Le film a quelque chose d'inexplicablement enthousiasmant, mignon, touchant.



Peut-être est dû à la mise en scène, discrète mais sensée, qui sait user des couleurs avec goût et connaît quelques moments puissants. Peut-être Karin Viard, tout simplement, qui gagne en conviction à mesure que le temps passe, d'abord un peu fausse et finalement très entière, ou le reste du casting, avec en tête la jeune et habitée Solène Rigot et la moins jeune Claude Gensac... Peut-être est-ce la tonalité des dialogues, la structure nerveuse du récit, l'obstination à se trouver sur le drôle et l'émouvant. Ou non, sans doute que le film est beau parce qu'il sait rester libre pour parler de liberté.


mercredi 26 février 2014

"Dallas Buyers Club", Jean-Marc Vallée


En 1986, à Dallas, un cow-boy comme on n'en voit plus est soudain diagnostiqué séropositif au VIH, avec une espérance de vie d'un mois... Le seul traitement (le fameux AZT de "Angels in America"), en cours d'essai thérapeutique pour une mise sur le marché à un prix fort juteux pour l'entreprise pharmaceutique, ne peut lui être administré. Il cherchera par tous les moyens de se procurer les traitements interdits aux USA, et finira par les distribuer aux membres d'un club très privé...




Cette reconstitution de l'époque du début de l'épidémie SIDA est un thème toujours fascinant par l'ampleur, inédite dans la société contemporaine, de cette tragédie sanitaire et de toutes ses conséquences. On redécouvre avec effroi la violente ségrégation réservée aux personnes touchées, notamment l'amalgame entre sidéen et homosexuel, le malade étant littéralement fui comme un pestiféré. Les choses vont plus loin, ici, puisque le focus est mis sur ce phénomène peu connu, mais qui a fleuri à cette période : les "clubs" d'acheteurs de traitements alternatifs.



L'angoisse désarmée de ces malades rejetés est émouvante bien sûr, et d'autant mieux mise en lumière par la terrible réaction d'un marché pharmaceutique qui y voit avant tout une occasion pécuniaire hors-du-commun et par le contre-pied de la profonde homophobie du protagoniste lui-même (du moins au début, bien sûr...). C'est donc un rôle paradoxal dans lequel Matthew McConaughy, parfaitement méconnaissable, semble s'éclater, et il donne avec enthousiasme la réplique à une Jennifer Garner dont on ne cesse de vouloir applaudir le changement d'orientation de carrière, elle qui a délaissé les blockbusters pour les films indépendants et/ou aux messages plus profonds tels que celui-ci...




Mais la véritable performance d'acteur est celle de Jared Letto, dans un rôle difficile et puissant. Il incarne le désabusement amusé de tous ces exclus, qui se retrouvent embarqués ensemble dans une aventure étrange, toujours entre drame et comédie, sans jamais vraiment s'attacher à l'un ou l'autre extrême, laissant une impression en demi-teinte encore renforcée par une fin qui ne semble pas sûre de ce qu'elle veut dire. Le piège du fait-divers historique adapté à l'écran n'est pas très loin, et la décevante sagesse de la mise en scène tranquille vient amplifier cette incertitude... Aussi, le potentiel ne se déploie jamais vraiment, et donc l'émotion est imparfaite. Ce qui captive, c'est surtout le récit soutenu de la force du désespoir.

mardi 25 février 2014

"Viva la Libertà", Roberto Andò

Dans ce film italien, la tête de l'opposition politique est tellement décriée par l'ensemble de la population, partisans y compris, qu'il fuit à Paris chez son ex pour se ressourcer loin des critiques... Et son parti finit par le remplacer par son frère jumeau, bipolaire excentrique, qui, s'il devait juste faire bonne figure en attendant le retour de son frère, s'avère être un politicien chevronné dont les manières originales commencent à séduire les foules et ses collègues...



Le glorieux Toni Servillo porte donc à lui seul cette très bonne idée de départ. Après sa performance dans le remarquable "La Grande Bellezza", on comprend aisément qu'il ait pu être choisi pour cette tâche, qu'il effectue avec brio. Il parvient à faire exister avec une consistance mêlée de mystère chaque frère : d'un côté, Enrico se retrouve face à ses démons, dans un anonymat en France qui lui permettra, progressivement et subtilement, de redéfinir qui il veut être, loin de toutes les considérations imposées dans lesquelles il s'était enchaîné. Il noue notamment une relation touchante avec une fillette et se confronte au passé face à son amie, incarnée par Valeria Bruni Tedeschi qui fait preuve de la sensibilité qu'on lui connaît.



De l'autre, Giovanni se retrouve soudain sous le feu des projecteurs. Aussi lettré que farfelu, il se démarque par sa négation des conventions de la politique et son refus de la langue de bois, sous l’œil fasciné du très bon Valerio Mastandrea. Si on regrette (un tout petit peu, pour le principe) que la maladie mentale soit une fois de plus utilisée pour des ressorts comiques, on appréciera le message qui semble dire que les marginaux en ont peut-être bien plus dans la tête (et dans les actes) que ce qu'on voudrait laisser croire... Ce personnage intéresse par la position incroyable et toujours fragile dans laquelle il se trouve, et Servillo le dessine avec humour et tendresse.


Au total, cette sorte de transposition de "Le Prince et le Pauvre" (ou du "Rat des villes, Rat des champs"...) fait mouche. Elle regorge de moments précieux, de petites pépites de cinéma, et si elle ne dépasse pas vraiment le stade de la fable, elle fait preuve d'une grande intelligence dans la narration. C'est la résolution qui le démontrera une fois pour toutes : la fin, ambiguë et géniale, parvient à sublimer le concept, à l'étendre au spectateur, à le tapisser sur toute la ligne. Avec elle, Andò signe une comédie mordante, construite et maligne.



jeudi 6 février 2014

"Nymphomaniac Vol. 2", Lars Von Trier

Mais si, souvenez-vous, on parlait déjà de la première partie avec force prétérition le mois dernier. Mais ça y est, la boucle est bouclée ; enfin, presque, parce que je suis curieux de voir la version longue, évidemment, et je vous en parlerai encore, évidemment.


Et donc avec cette deuxième partie vient le soulagement face à la question que je me posais la dernière fois : la conclusion sera-t-elle "c'est une catin diabolique" ou "c'est une femme libérée" (nooon ne chantez pas) ? Ouf, sans trop en dire, Von Trier semble avoir réellement maîtrisé sa misogynie avec le glacial "Antichrist", auquel il fait d'ailleurs une évidente référence ici. En revenant finalement sur ses huit chapitres, il leur offre une lumière nouvelle qui inscrit son ouvrage dans une optique, si ce n'est féministe à proprement parler, au moins concernée. On se contentera largement de ce discours, sans trop s'attarder sur la dernière minute qui relance des débats épuisés ; et on arrêtera d'en parler au risque de trop vous spoiler.


Parce que ce film vaut le détour, je pense : il est riche, de par sa longueur et de par son concept. La quasi-totalité de l'éventail de la sexualité humaine y est brossée, avec des perspectives souvent rares et édifiantes. Et Lars Von Trier ne semble pas prétendre dresser un portrait fidèle de la sexualité féminine : il a la sagesse de se cantonner à ce qu'il sait, et bien que ça ne lui évite pas de frôler quelques écueils du sujet à de nombreuses reprises, il parvient à ouvrir à de nombreuses réflexions, à naviguer entre le malsain et l'acceptable, à brouiller les pistes, à finalement prôner une forme de tolérance libératrice.


Cette deuxième partie est plus longue, probablement en raison du sixième chapitre qui paraît quasi-intégral, tant sa durée est indispensable à son côté souvent intenable. Ce film est moins littéraire, moins verbeux aussi que le premier tome ; il est plus violent, plus charnel, plus perturbant, mais la narration nous amène à penser que le chemin qu'elle suit était le seul empruntable. Si l'on n'atteint pas la toute-puissance de "Melancholia", tant dans le propos que dans la réalisation (bien que certains plans rappellent les compositions picturales de ce prédécesseur), de nombreux moments de grâce se profilent, souvent portés par l'incroyable Charlotte Gainsbourg, bien évidemment.


Au total, "Nymphomaniac" forme une œuvre inédite, originale, nouvelle. L'abord de la sexualité, contrairement à ce qui a été vendu, n'est que très rarement provoquant, il se fait plutôt dans la théorie introspective face aux craintes et aux interrogations qui nous réunissent tous. L'histoire de cette femme est aussi tragique qu'inspirante, aussi exceptionnelle que banale (comme le souligne la juste conclusion), aussi complexe que puissante. On y sent à chaque instant le regard tourmenté de son créateur génial qui, s'il se trompe parfois, s'il ne réunira pas forcément, fait preuve d'une sincérité bouleversante dans cette quête de l'intimité, aussi bien personnelle qu'universelle. C'est bien pourquoi oui : "Nymphomaniac" est belle.


mercredi 5 février 2014

"Beaucoup de Bruit pour Rien", Joss Whedon (Much Ado About Nothing)

Alors OUI j'y suis allé en premier lieu pour Joss Whedon, en deuxième lieu pour Amy Acker, et seulement en troisième lieu pour Shakespeare. MAIS J'ASSUME TOUT.


Il y a une ambiance particulièrement légère, presque frivole dans ce film tourné chez Whedon lui-même avec toute sa clique habituelle d'acteurs adorés. On a cette enthousiasmante impression que c'est comme un projet de fin de soirée, un délire entre potes, un projet fait avec les moyens du bord, juste parce qu'on le peut - ce qui est la meilleure raison pour faire des choses. Mais le rendu est en fait bien plus professionnel que ce qu'on aurait pu croire : la mise en scène de Whedon est très sobre, mais aussi élégante dans son noir et blanc. Il surprend même par le soin qu'il apporte à la réalisation : s'il ne fait pas de miracle (il en a déjà commis quelques-uns), il fait preuve d'un bon goût très appréciable, tout en gardant ce délicieux regard sardonique et parfois absurde sur les choses.


Mais qui est ce Whedon dont votre bloggueur préféré parle comme si c'était son meilleur pote alors qu'on n'en entend jamais parler au cinéma ? Oh, juste le réalisateur de "Avengers" et DE PUTAIN DE "BUFFY" ET "ANGEL" ET "FIREFLY" (et "Dollhouse", mais bon je le mets en minuscules et entre parenthèses pour des raisons évidentes). Et c'est un dieu sur terre et en plus il est féministe et même s'il est roux je l'aime VOILA. Et là, il réunit tous ses petits potes de son Whedonverse (NON je n'ai pas inventé ce mot, googlez-le s'il le faut, nous les fans de Whedon sommes légion), c'est un vrai plaisir pour quelqu'un de mon espèce, un plaisir qui fait couiner toutes les cinq minutes : on retrouve Nathan Fillion (rendu célèbre par "Castle"), Tom Lenk (Andrew, que j'apprends à aimer alors que je re(rerererere)garde la septième saison de "Buffy"), Fran Kranz... Et surtout et bien sûr le génial Alexis Denisof, et son alchimie éternelle avec la sublimissime Amy Acker, actrice sous-estimée s'il en est et dont la profondeur de jeu est une fois de plus prouvée ici.



Je ferme la fanboy-attitude, revenez ! Le texte de Shakespeare est évidemment un délice, intemporel, drôle, touchant, parfait, et son adaptation glisse facilement grâce aux facéties du réalisateur qui amène les procédés théâtraux au cinéma avec humour et amour. Cependant, quelque chose manque : on aimerait qu'ils aillent plus loin, tous ensemble, jusqu'au fond des choses. On ressent une bride, dans la sagesse de la mise en scène, dans la dérision dans le jeu, dans cette succession de jolies idées... On aurait aimé que la blague soit un petit peu moins privée, que le potentiel de cette bande d'amis explose davantage, qu'enfin l'infinité du talent de ces oubliés d'Hollywood soit exposé avec l'évidence qu'il mérite. Peut-être la prochaine fois, sûrement la prochaine fois.

Jillian Morgese est presque le sosie d'Amy MAIS AMY EST LA PLUS BELLE

vendredi 31 janvier 2014

"L'Amour est un Crime Parfait", Arnaud et Jean-Marie Larrieu

Cette critique n'est que la mise en forme d'une longue discussion que j'ai eue au sujet du film sur les RÉSEAUX/SOCIAUX avec une certaine A.H. qui mérite donc une nouvelle référence sur mon blog de superstar : poke. (Saperlipopette, je voulais linker "ArchDélit" sur tes initiales, enfin NORMAL, quoi, et en fait, il est plus en ligne ? Mais tu laisses désormais l’ENTIERE responsabilité à "Assurément" de rendre le Net intéressant, et tu me préviens pas ?) Dans tous les cas, je vais vous parler de "L'Amour est un Crime Parfait", même si ça fait deux fois que j'écris "une Crime Parfait" pour une raison inconsciente qui m'échappe encore.


Les frères Larrieu posent immédiatement le cadre : avec d'incroyables plans, aussi anxiogènes que fascinants, sur les lacets enneigés des Alpes la nuit, le thriller débute. Tout le long, il prendra place dans cette mise en scène frôlant la perfection. Amalric le dira : "le paysage est une expérience de soi" - aussi, les mystérieuses montagnes, blanches et décharnées, se montrent faussement tranquilles ; les vitres de cette école transparente et tortueuse glissent à travers des mouvements de caméra magnifiquement maîtrisés ; le huis-clos du chalet atteint un niveau de glauque gluant et captivant. La photographie est délicieuse, parfois étonnamment vive, et la réalisation en totale adéquation avec son sujet.


Le même soin obsessionnel est accordé à la narration : les dialogues, construits et alambiqués dans leur langage souvent soutenu, n'en sont pas moins délectables, les pistes de réflexion sur la littérature se révèlent fréquemment intéressantes, et, surtout, sans cesse, dans cette œuvre, les mêmes éléments d'écriture se recroisent, se correspondent, se rappellent, se référencent. L'exposition, subtile et intrigante, pose bien les bases du genre, et dès lors, on accepte avec enthousiasme de découvrir les personnages pervers, portés par un casting démentiel et choisi avec intelligence : Karin Viard fonctionne, comme toujours, dans les rôles de frustrée mauvaise et touchante ; et qui d'autre que Sara Forestier pour user de cet habituel dynamisme un peu dissocié, mais cette fois avec une touche de psychose inquiétante qui complexifie encore son jeu et son parcours ? Maïwenn constitue quant à elle un choix moins évident et peinera parfois à exprimer toutes les nuances que son rôle imposait.


Et c'est bien sûr sur les épaules chevronnées de Mathieu Amalric que repose tout le reste du film. Ses capacités ne sont plus à prouver et la confiance que les réalisateurs lui accordent ici transparaît clairement. Cependant, rapidement, toute cette maîtrise s'effiloche : la résolution se fait on ne peut plus explicative, et tristement précoce et progressive. Tous les doutes, pourtant si précautionneusement installés, sont désamorcés un par un par le scénario lui-même. Certes, quelques différences d'interprétation seront possibles sur certains tournants de l'histoire ; mais au total, les révélations seront distillées avec trop d'indiçage, puis excessivement explicitées... Aussi les quelques surprises ne seront jamais totales. La tournure que prennent les choses manque globalement de l'ambition à laquelle elle nous avait préparés. On ressort donc avec une impression mitigée, face à cette forme impeccable au service d'un fond décevant.



jeudi 30 janvier 2014

"Yves Saint-Laurent", Jalil Lespert

Ah, le fameux et ô combien lucratif genre du biopic...


C'est le jeune (et je me permets de dire "jeune" parce qu'il a l'âge que j'aurai dans moins d'une semaine, grands dieux !) Pierre Niney qui interprète Saint-Laurent, d'une manière très sensible et impliquée. On peut en effet toujours craindre, quand un acteur joue une personne non-fictive, que cela lui bride tout élan de créativité - Niney fait tout l'inverse : il réinvente Saint-Laurent, l'incarne précisément, mais avec un dévouement et un enthousiasme empreints de respect, et c'est à la fois amusé et impressionné que l'on assiste à cette méticuleuse métamorphose. Ce portrait est souvent attendu, mais conserve une richesse certaine en exposant les contradictions et les tourments de son protagoniste : on découvre, ou redécouvre, Yves Saint-Laurent comme un artiste maudit, un créateur anxiodépressif, un homosexuel dans les années 60, un fêtard excessif, un génie en souffrance.


Il s'agit aussi, et bien sûr, d'une immersion dans le monde de la mode, dépeint comme intemporel, tant il sera presque l'unique marqueur de la temporalité. Les robes, véritables, sont évidemment magnifiques, et les redécouvrir ici est un plaisir. On aurait aimé explorer encore davantage l'influence que "YSL" commence à avoir sur le monde, l'effet que ces robes ont eu sur les femmes et les mœurs de l'époque, les réactions au-delà des quelques coupures de journaux et du cercle d'Yves (dont Victoire Doutreleau, magnifique Charlotte Lebon que l'on aura cependant préférée dans "La Marche"). Loin de l'extravagance de ces collections, la mise en scène s'avère bien sage et rangée. Et alors que la narration suit ce flot sans trop de longueurs, les différentes péripéties posent, comme toujours, la question de leur véracité ; à quel point sont-elles romancées ? Sûrement beaucoup, ce qui diminuera parfois l'originalité du sujet. Victime de son genre, l'histoire se perdra parfois entre nécessité de retranscription des faits et utilité scénaristique : par exemple, certains personnages (comme celui de Loulou de la Falaise) ne trouveront jamais de raison d'être ; mais au moins, elle saura éviter de justesse l'habituel schéma des biopics "gloire - déchéance".



Parce que le récit se relève surtout en une histoire d'amour, celle qu'Yves partage toutes ces années avec Pierre Bergé, interprété par Guillaume Gallienne, et qui a, apparemment, surveillé le long-métrage avec le soin acharné qu'on lui découvre dans le film. Dès lors, la voix-off de Bergé, quoi que souvent trop explicative et superflue, revêt un aspect assez émouvant : on ne sait plus si c'est Gallienne ou Bergé, le faux ou le vrai. Ce qui reste clair, c'est la puissance de cet amour surpuissant et irrationnel qui fera des deux hommes des compagnons jusqu'à la mort, et même après au vu des projets que Bergé mène en le nom de Saint-Laurent. Et ce malgré les trahisons, les incompréhensions, les bagarres, les tromperies. Serait-ce ça, le grand amour ? Les amours pures et éternelles auraient-elles la prétention de résister ainsi à toutes les bavures ? Ou alors ce type de lien, possessif et autodestructeur, est-il déraisonnable ? Peut-être qu'on se pose les questions, peut-être qu'on est juste ému de cette dernière déclaration d'amour, d'un homme à son conjoint défunt, du monde à un artiste parti.


dimanche 12 janvier 2014

"Nymphomaniac, Vol. 1", Lars Von Trier

Il est difficile de juger ce film.


Il est difficile de juger ce film parce que je l'attends depuis très longtemps, la conjonction de mon actrice préférée (Charlotte Gainsbourg, pour ceux qui ne suivent pas) et de celui que je peux plus ou moins appeler mon réalisateur préféré (Lars Von Trier, donc) étant toujours très appétissante (rappelons l'exceptionnel "Melancholia" et oublions très vite l'incroyable misogynie de l'autrement très beau "Antichrist"), surtout sur un concept tel que celui-ci : suivre la vie sexuelle d'une femme lors des cinquante premières années de sa vie. Si la réalisation, toujours aussi efficace et poétique, est cependant un brin en-dessous de ce à quoi Von Trier nous a habitués, Charlotte Gainsbourg est toujours aussi lumineuse bien sûr, et Stacy Martin, qui joue la version plus jeune du personnage, est prometteuse, bien qu'un peu trop passive pour l'instant.


Il est difficile de juger ce film surtout parce qu'il y a, en tout, cinq heures et demie de film. Sauf que c'est trop. Mais que Lars aimait tout. (Un peu comme Kechiche, en fait. "TOUT EST GENIAL JE VAIS FAIRE UNE EPOPEE."). Bon, sauf que lui, il a bien compris qu'il ne pouvait pas faire un film-fleuve. La décision fut prise de diviser en deux parties le film. Et le montage a été confié à un tiers ; c'est la première image que l'on voit de "Nymphomaniac", et peut-être la plus perturbante : un "disclaimer" explique qu'il s'agit là d'une version courte du premier volume, que le montage n'a absolument pas été effectué par le réalisateur qui n'a fait que donner son approbation, "sans plus d'implication de sa part". Cela aura quelques effets néfastes : certains chapitres (il y en a huit en tout, dont cinq dans ce volume) souffrent de cette concision excessive qui condensent leurs métaphores jusqu'à les rendre vraiment poussives (la séduction c'est comme la pêche, ah oui).


Cette version courte est aussi et surtout censurée. Les fameuses scènes pornographiques sont éludées, résumées et tronquées. Elles qui constituaient la raison d'être du film ne seraient qu'entraperçues. Oh, on en voit déjà suffisamment pour que le film mérite un "interdit aux moins de seize ans" - en réalité, il ne l'est qu'aux moins de douze, mais je suis personnellement bien content de ne pas l'avoir vu dix ans plus tôt. Cependant, la représentation du sexe y est passionnante : elle est à la fois fédératrice et déshumanisante, tant Joe accepte tous les individus ce qui finit par nier leur individualité. On ressent cette multiplicité des corps et des hommes, tout en les ramenant forcément à des êtres de chair et de sperme. Les quelques personnes épargnées par cette voracité seront les personnages de Shia LaBeouf, et surtout d'Uma Thurman, merveilleuse.


Mais, au-delà de ça, c'est le simple fait qu'il s'agisse d'une première partie qui m'empêche de critiquer ce film. Son écriture est certes d'une précision et d'une complexité captivantes, mais il se termine sur une plaque tournante. Il est dès lors impossible de se prononcer : le fond du film est-il féministe, promouvant une image de femme forte et sûre de sa sexualité, ou misogyne, ce qui serait bien plus cohérent avec l’œuvre de Von Trier et avec cette tendance qu'a le personnage de Charlotte Gainsbourg à s'auto-flageller d'avoir été une telle catin ? Quel sera le propos final quant à la sexualité : cette pratique outrancière est-elle sale, normale, intelligente, maîtrisée ou pathologique ? En quoi se conclura la dualité entre Seligman, l'homme qui accueille Joe blessée dans une ruelle, et cette nymphomane, si décomplexée dans les flash-backs, si pleine de haine d'elle-même dans le présent ?



Je reviens vers vous le 29 janvier. Et j'espère ne pas avoir alors besoin de la version de 5h30 pour me faire un avis plus articulé.

vendredi 10 janvier 2014

Le classement des films 2013 arrive, de façon bien plus logique, en 2014.

Ben oui, je n'allais pas vous laisser sans ce qui est déjà le troisième (rapport au fait qu'il y a eu ça et puis ça) grand classement de ce blog qui m'amuse toujours autant même si j'ai moins eu la possibilité de m'y consacrer cette année pour des raisons diverses et variées. J'ai donc vu moins de films et j'en ai raté beaucoup qui m'intéressaient. Peut-être que leur visionnage aurait modifié la face de cet article. Mais en fait on s'en fiche, non ? Je me rends compte aussi que beaucoup de films n'ont pas eu le droit à leur petit article habituel. Mais en fait on s'en fiche, non ?

Cette année en cinéma a été un moins bon cru que les précédentes. Les films que j'ai vus ont été plus homogènes, en réalité : aucune vraie bouse, et dans le même temps, le podium a été plus difficile à définir. Encore une fois, ce qui prime dans un classement comme celui-ci, c'est l'effet, l'impression, la marque que le film laisse.



Ne disons pas "mauvais", préférons signifier que l'intérêt en est limité.      




45. "The Bling Ring", Sofia Coppola
Quelle tristesse de voir Coppola ici... Cependant, en adaptant ce fait divers, elle ne parvient jamais à lui insuffler une vie, et encore moins à créer des personnages, ne laissant à vue que la fade inutilité de raconter cette histoire.

44. "The Hobbit : The Desolation of Smaug", Peter Jackson
Ce n'était pas nul, à proprement parler, et j'ai passé un moment assez agréable à regarder la version 2D, comprendre ici "low-cost", de ce blockbuster assoiffé d'argent. Mais ce qui reste en tête, ce n'est pas la bouille talentueuse de Martin Freeman, mais les rajouts pitoyables et autres plans ridicules.




Je ne comprends pas l'engouement pour ce film qui, s'il n'est pas un vrai navet, est une bien piètre représentation de ce qu'il prétend explorer.

42. "Neuf mois ferme", Albert Dupontel
Ce film m'a ennuyé à un tel point que je n'ai jamais trouvé le courage d'en faire la critique. En ce qui me concerne, il n'aura suffi qu'à me convaincre que je n'aimais pas Dupontel en tant que réalisateur, même si je lui voue un éternel respect teinté de jalousie pour avoir eu le courage de faire ce que j'aurais peut-être dû faire, à savoir arrêter la médecine après cinq ans pour me consacrer à d'autres activités plus fun comme dire des bêtises sur un blog. Je ne nie pas les nombreuses qualités de son travail ; il ne s'agit ici que d'un avis subjectif, d'un goût sans plus d'intérêt. Comprenez donc par là que ce commentaire n'est pas à prendre comme parole d'évangile (contrairement au reste de mes avis), mais selon moi, le ton tout entier du film sonne comme une blague facile, une de ces plaisanteries que l'on lance un peu en l'air dans l'évidence du moment pour un effet à court terme, mais dont tous les auditeurs finissent par souligner le caractère irréfléchi.


"Va, je ne te hais point." (ceci n'est pas une litote)




Alors, c'est un sujet sympathique et de jolis décors mais, euh, quoi ? C'est déjà fini ? C'est ça, l'histoire ? Aucune substance, aucun enjeu, mais alors, au moins on va avoir le droit au moment que tout le film prépare ? Ah non, c'est le générique ? Ah bon...

40. "Jeunesse", Justine Malle
L'élan autobiographique est sans doute touchant, mais pas assez mûr. Ce film aurait sans doute dû être réalisé dans dix ans; cette année, il semblait n'oser pas encore dire ce qu'il voulait dire, et s'excuser davantage qu'exister.

39. "Les Garçons et Guillaume, à table !",Guillaume Gallienne
Oui, alors, plus j'y ai réfléchi, plus mon avis s'est rapproché de celui-ci. Même si je ne suis pas aussi sévère dans la mesure où Gallienne ne prétend jamais au caractère universel de son histoire, je crois tout de même que le succès de son film est dû à cette façon si démagogique, consensuelle, faussement rassurante qu'il a "d'expliquer" les "troubles" de genre.



38. "Elle s’en va", Emmanuelle Bercot
Oui, oui, d'accord, c'est mignon d'utiliser Catherine Deneuve à contre-pied, mais si même Camille ne joue pas très très bien, on ne va pas vraiment s'en sortir.

37. “Blue Jasmine”, Woody Allen
Ce film annoncé comme "le meilleur Allen depuis longtemps" ne renoue vraiment qu'avec un certain charme de la photographie, mais l'absurdité façon serpent qui se mord la queue du scénario ne prend plus. Plus du tout.

36. "Touristes !" ("Sightseers"), Ben Wheatley
Cette version édulcorée du très chouette "God Bless America" (primé aux Assurément Awards l'an passé) était assez cool, elle aussi, avec sa sauce parfaitement British. Pourtant, le what-the-fuck l'emporte un peu trop vite sur le propos...




35. "Au Bout Du Conte", Agnès Jaoui
Mignon et assez polyamoureux, ce conte moderne est sans doute le conte le plus moderne qu'on ait vu.

34. "L’Écume des Jours", Michel Gondry
Vian et Gondry ne fonctionnent pas en synergie mais en surenchère jusqu'à l'overdose.

33. "A la Merveille" ("To The Wonder"), Terrence Malick
Forcément formellement magnifique, ce successeur à "The Tree Of Life" en sonne tout de même comme une sorte de caricature dont les marmonnements poétiques n'ont plus aucun sens.




32. "La Vie d'Adèle", Abdellatif Kechiche

Ah, la fameuse Palme d'Or... Oui, c'était assez bien filmé, Exarchopoulos était très bien, et cette juste représentation de la voracité amoureuse me fait encore gargouiller le ventre. Mais cette réticence à embrasser à pleine bouche son sujet m'empêche de placer Kechiche aussi haut qu'à la Croisette.

31. "Gravity", Alfonso Cuarón
Une expérience cinématographique certes unique, on regrettera un symbolisme ridiculement forcé entre les sept lignes de dialogue du grand blockbuster qui se voulait subtil.

30. "Gimme The Loot", Adam Leon
Cavale newyorkaise fun et mignonne.




29. "Yossi", Eytan Fox
Ce personnage, très bien posé, est si rare dans son genre au cinéma que le scénario finit par être un peu trop gentil avec lui.

Noémie Lvovsky (lauréate des "AA" 2012 (encore un sigle hasardeux)) toujours parfaitement émouvante porte à bout de bras un film autrement un peu léger.


"Pas trop mal, pas trop mal du tout." (je n'ai pas le courage de chercher un titre plus original, je suis censé réviser.)



L'ardeur dans le climat et dans cette "drôle façon de s'aimer", le huis-clos en plein-air, et l'ambiguïté, gênante, sans que l'on sache si c'est en mal ou en bien.

26. "No", Pablo Larraín
Très bon Gael Garcia Bernal, le sujet du film en rattrape de justesse le traitement souvent erratique et injustifié.

25. "Les Amants Passagers" ("Los AmantesPasajeros"), Pedro Almodóvar
Dans cette analogie, le célèbre réalisateur semble toujours vouloir s'amuser, et il parvient parfois à nous emmener dans son délire.




24. "Hunger Games 2 : L'Embrasement", Francis Lawrence
Un an après avoir un tantinet détruit le premier volet, je m'avoue séduit par ce second opus, bien plus mature, sombre et intéressant.

23. "La Parade", Srdjan Dragojevic
Difficile de ne pas penser à la violence du soudain basculement vers l'obscure tragédie finale, mais toute la partie comique était également réussie.

22. "Oh Boy", Jan Ole Gerster
Une errance introspective, à la fois rétro et incroyablement ancrée dans les interrogations de son époque.




21. "The Sessions", Ben Lewin
Un sujet important traité avec toute la délicatesse et le soin qui l'accompagnent.

20. "La Religieuse", Guillaume Nicloux
Prodigieux jeu d'actrices (hormis Bourgoin...) dans un drame puissamment pervers.

19. "Un Château en Italie", Valeria Bruni Tedeschi
La névrose en étendard, l'autofiction à peine masquée, et pourtant, ce réalisme, cette justesse.




18. "Snowpiercer, Le Transperceneige", Bong Joon Ho
Tout ce que la science-fiction dystopique devrait être : joliment métaphorique, intensément prenant, finalement intelligent.

17. "Gabrielle", Louise Archambault
Une douceur incroyable.

16. "La Jalousie", Philippe Garrel
La photographie tranchée hante les esprits. Les difficultés amoureuses sont posées là ; l'intensité du chagrin, toujours vraie, paraît moins grave avec tout cet incroyable recul.




15. "Casse-Tête Chinois", Cédric Klapisch

Cette suite foutraque et parfois poussive reste infiniment enthousiasmante.

14. "Camille Claudel 1915", Bruno Dumont
Étouffant, toujours. Dumont s'attaque ici à une histoire vraie, passée, et la jette au cou du spectateur.

13bis (parce que je viens de me rendre compte de son absence dans le classement et que j'ai la flemme de changer tous les numéros, vous me comprenez bien). "Suzanne", Katell Quillévéré
La pudeur dans la tragédie, l'universel dans le particulier, l'amour au total.

13. "Inside Llewyn Davis", Ethan & Joel Coen
L'élégance du drame.



12. “La Grande Bellezza”, Paolo Sorrentino 
Tout ce faste, cette grandiloquence, laisse quelque chose dans la durée, quelque chose d'inévitablement majestueux. (Spéciale cassdédi à ma plus fidèle accompagnatrice au ciné cette année, qui en plus joue méchamment au Scrabble.)

11. "Le Passé", Asghar Farhadi
Là aussi, l'élégance. Cette petite histoire dont les proportions se dévoilent au fur et à mesure se révèle d'une justesse incisive, en plus d'être servie par les excellents Rahim et Béjo et une réalisation léchée.


Vas-y comment mes films préférés sont au nombre de dix cette année, ça fait un vrai Top 10 comme à la télé.



10. “La Danza de la Realidad”, Alejandro Jodorowsky
Cela déborde d'idées pleines de joie, de dureté, d'imagination, d'originalité, d'absurdité, de nostalgie, d'amour, de violence, et de poésie, en fait, surtout.



9. "La Vénus à la Fourrure", Roman Polanski

On reste toujours sur le bord, entre le sadisme et le masochisme, entre la soumission et la domination, entre la misogynie et le féminisme, entre l'amour et la haine, on peut alors se poser toutes les questions, peut-être même s'approcher des réponses.



8. "Tabou", Miguel Gomes
Très beau film, dont l'histoire atypique parvient à captiver l'attention d'une façon inédite.



7. "Frances Ha", Noah Baumbach

Ce portrait jovial fait pardonner ses tendances hipster par une ouverture sur notre (enfin, au moins ma) génération et ses tourments actuels.



6. "La Marche", Nabil Ben Yadir
On pourra lui reprocher la facilité de ses procédés, qu'importe : "La Marche" dénonce avec une verve bouleversante.


5. "Anna Karenine", Joe Wright

La volupté gracieuse du long-métrage et son habilité à mêler le cinéma dans le théâtre font de ce film une sorte de bijou inattendu.



4. "Blancanieves", Pablo Berger
On aura rarement vu un traitement aussi juste de l'adolescence : ce film en devient profondément émouvant.


2. "Alabama Monroe", Felix Van Groeningen
Pour une raison que je ne m'explique pas vraiment, je n'ai jamais écrit de critique de ce drame magnifique qui réussit tout ce que "La Guerre est Déclarée" avait raté. L'incommensurable tristesse de l'histoire est toujours soutenue par une rage de vivre amoureuse et artistique, l'émotion apparaît avec une puissance insoupçonnée.




1. "Before Midnight", Richard Linklater
Si ce troisième volet est certes un léger ton en-dessous de ses prédécesseurs, il a l'extrême mérite de refermer une trilogie passionnante, au concept captivant, et aux dialogues parfaitement ciselés. La richesse de son propos passe par une écriture incroyablement travaillée qui parle d'une multitude de sujets à la suite sans jamais se compromettre.