mercredi 17 juillet 2013

"Jeunesse", Justine Malle

Avant toute chose, bien sûr, il y a le parallèle : la réalisatrice Justine Malle, dans ce film autobiographique qui retranscrit sa vie lors de la mort de son père le cinéaste Louis Malle, emploie dans son rôle la jeune Esther Garrel, elle-même fille du réalisateur Philippe Garrel. Cette exposition de sa propre vie n'échappe pas à plusieurs artifices, et notamment à une impression de justification boudeuse : la protagoniste décide effectivement de ne pas accompagner l'agonie de son père et passera la moitié du film à expliquer son choix de façon forcée et appuyée. Il est toujours dangereux de faire un film pour des raisons trop personnelles, et d'autres moments plus intimes de la vie supposée de la cinéaste viennent renforcer cette impression narcissique.


C'est néanmoins l'occasion d'explorer un âge bâtard : Juliette, le personnage principal, a 19 ans et suit une classe préparatoire aux grandes écoles, ce système décrit à juste titre comme typiquement français, complètement stérile et indéniablement sadique. Autour d'elle, des "petits cons qui ont un avis sur tout", avec surtout Benjamin, le très bien casté Emile Bertherat, insupportable post-ado pseudo-torturé. Pas encore sortie de l'inactivité maladroite de l'adolescence, Juliette n'est pourtant pas encore entrée dans la confusion existentielle de la vingtaine. L'entre-deux gênant de cette période de la vie est souligné avec une certaine justesse, incarné avec application par Esther Garrel, et fera le gros de l'intérêt du film, justifiant par ailleurs son titre. C'est ce qu'on peut apprécier dans les films de ce type : leur construction comme un roman.


Pour le reste, on sera surpris, dans le mauvais sens du terme, par la sage gentillesse de la mise en scène et l'absence de parti-pris, de prise de risque ou même de composition artistique. Au-delà de toute comparaison parentale, "Jeunesse" déçoit par cette réalisation non inventive, parfois digne d'une série télévisée lambda (ah, les impardonnables fondus au noir...), et qui ne semble en fait pas avoir été réfléchie du tout. Il en est de même pour la direction et les dialogues, à la fois verbeux et peu naturels, tapant dans le cliché du film français prétentieux. Les émotions pourtant abondantes et faciles d'accès de par le sujet étant très peu retransmises, tout cela viendra desservir l'objectif affiché de la cinéaste, et donc questionner d'autant plus l'intérêt, autre qu'égocentrique, du long-métrage qui, faute d'avoir été entrepris pour les bonnes raisons, ne marquera pas.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Hé les copains, vous pouvez choisir l'option "Nom/URL" pour qu'on sache qui vous êtes. Comme ça si vous me faites des compliments je saurais à qui faire des bisous. Et si c'est des critiques je saurais qui rayer de ma vie. Paix amour bonheur!