vendredi 19 juillet 2013

"Frances Ha", Noah Baumbach

"Frances Ha" est décrit par TéléCinéObs comme le "chaînon manquant entre le cinéma de Truffaut, "Manhattan" et la série "Girls"". Rien que ça. Et à juste titre.



Comme son nom l'indique, il s'agit avant tout d'un portrait : celui de Frances, new-yorkaise paumée, danseuse fauchée, amie lâchée. Interprétée avec grâce par la très bien choisie Greta Gerwig, on s'attache avec aise à cette vingtenaire en proie aux démons de son âge : à travers ses recherches d'appartement, de travail ou d'amour, elle se trouve surtout en pleine quête identitaire. Celle qui entend gérer ses problèmes un à un le fait avec nonchalance, souhaitant surtout improviser au fur et à mesure, ce qui la place en un parfait juste-milieu entre l'action et la passivité. Ce tableau d'une génération perdue, en recherche d'absolu mais déjà abattue d'avance, pleine de dynamisme et de désillusion, est peint avec espoir et subtilité, et constitue la grande réussite du film.



Le tout est bien sûr orchestré avec un soin formel des plus travaillés. L'évident hommage à la Nouvelle Vague passe entre autres par ce noir et blanc si brillamment utilisé qu'il en devient déconcertant : par moments, on croit presque au film ancien, et les interrogations de la protagoniste en deviennent intemporelles. On reconnaît à peine ces New York et Paris, gris et très bien filmés. La délicate composition de la mise en scène se retrouve chacune des escales de Frances, qui rythment le film et dessinent ses pérégrinations, et sublime l'actrice dans des plans poétiques et marquants.


Cet aspect feuilletonnant du scénario n'impacte pas du tout sur son dynamisme, tenu par des dialogues frais et spontanés. Les diverses rencontres de Frances sonnent toutes justes, notamment le personnage de Michael Zegen ou encore Sophie, très bien cernée et interprétée par Mickey Sumner. Et si on regrettera quelques gags trop caricaturaux qui viennent grever la caractérisation de l'héroïne, ainsi que la soudaine rapidité de la résolution là où le film savait si brillamment prendre son temps pour mettre en scène ses doutes, la subtile transformation du simple portrait en grande histoire d'amitié est tellement bien amenée qu'elle portera tout le film à un autre niveau.

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