vendredi 29 mars 2013

"Les Amants Passagers" ("Los Amantes Pasajeros"), Pedro Almodóvar

Et donc le nouvel Almodóvar, celui dont on entend parler depuis des mois et dont on a vu mille fois la bande-annonce. Oui, je fais dans les comédies, en ce moment, ça me change, il faut sortir de sa zone de confort, je vais même peut-être bientôt passer aux blockbusters. Non, je déconne.


La conclusion qui s'impose, c'est que notre ami Pedro s'amuse beaucoup. Il donne l'impression que là, au sommet de son art et de sa célébrité, et après l'excellent et très sombre "La Piel Que Habito", il a surtout envie de déconner, lui aussi. Et heureusement, il nous divertit en même temps. Le film, à première lecture, parle donc avant tout des passagers d'un avion qui n'a pas l'autorisation d'atterrir à cause d'un problème technique : la seconde classe est endormie, tandis que la première classe s'acoquine avec l'aide des stewards et de drogues diverses. Il faut avouer que dans ces conditions, si ce n'était pas le grand Almodóvar aux commandes, on pourrait prendre peur, faire preuve de scepticisme ou ne pas du tout entrer dans le délire. Mais en fait, le charme opère.


La comédie fonctionne donc allègrement, à l'aide de personnages souvent un brin stéréotypés mais dont la totale libération sexuelle fait plutôt plaisir à voir. Le film enchaîne des séquences très drôles, de la chorégraphie à la partouse (vas-y comment je vais gagner plein de visites via Google avec ce mot-clé trop savamment placé!), en passant par toutes les répliques qui font mouche et des clins d’œil réjouissants comme les apparitions brèves de Penelope Cruz et Antonio Bonderas. Le maître ajoute quelques passages touchants, et dilue le tout dans un très joyeux bordel enthousiasmant où les limites sociales ne s'appliquent plus. Bien sûr, on reconnaîtra toujours la patte de l'artiste qui amène couleurs bariolées, composition kitsch et grain latino, bien qu'elle se trouve un peu à l'étroit dans l'espace étriqué du huis-clos.


Alors ensuite, évidemment, on pourra y lire une savante métaphore de la situation politique espagnole, notamment avec les symboles forts de la classe économique sous somnifères tandis que les puissants se trouvent dépassés, et s'amusent comme ils peuvent en attendant le feu vert d'un aéroport accueillant... Votre humble serviteur ne s'y connaissant pas suffisamment en géopolitique hispanique, je m'arrêterai là pour l'analyse, et préfèrerai saluer les performances de l'ensemble du casting, des trois stewards déjantés, Javier Cámar, Carolos Areces, Raúl Arévalo, au séduisant Guillermo Toledo, à la resplendissante Lena Dueñas, et à la douce Blanca Suárez. Ensemble, sous l'aune du réalisateur de talent qui propose une mise en scène le plus souvent limpide, ils donneront lieu à une comédie légère mais intéressante, bordélique mais captivante, simple mais exaltée.



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