jeudi 28 mars 2013

"Au Bout Du Conte", Agnès Jaoui

Je n'avais pas spécialement envie de voir ce film. Je ne sais pas, le côté "comédie française" probablement. Quelques extraits montrant Bacri enfermé dans le même rôle. Et puis cette affiche un peu dégueulasse. Et ce titre avec un mauvais jeu de mots des années 90. Bon, bon, bon. Et puis en fait, après avoir vu, sous un conseil avisé, le très agréable "Un Air de Famille" de Klapisch avec Jaoui au scénario, c'est pas plus mal, de temps en temps, de délaisser les drames pour leur préférer un film dont il est hautement probable qu'il se finisse bien.


Et pour cause : Jaoui s'amuse beaucoup dans ce nouveau film. Elle prend un plaisir évident et transmissible à réutiliser les référents mythiques des contes de notre enfance, que ce soit par clins d’œil, par indices subtilement cachés ou par intégration complète dans la trame par une amusante actualisation des concepts. On appréciera donc cette traque au conte, qui sait suffisamment se détacher de la niaiserie qui y reste habituellement soudée. Aussi, malgré quelques procédés de mise en scène gentiment kitsch, l'empreinte doucement féérique que prend la réalisation s'avère plutôt agréable, et même parfois enthousiasmante.


Ainsi, Agathe Bonitzer est resplendissante en jeune princesse des temps modernes, bien que la faire embrasser le toujours visqueux et toujours mauvais Benjamin Biolay constitue une sorte de viol cinématographique. (Je ne le dirai jamais assez : Benjamin, contente-toi d'écrire des textes dans un coin, ou alors lave-toi les cheveux, mais c'est au choix.) En face, on retrouve avec plaisir le bel Arthur Dupont, déjà apprécié dans "Mobile Home" ; et bien sûr Jaoui et Bacri en chefs-d'orchestre, dans des personnages centraux mais sans doute moins profonds que les autres : en conséquence, Bacri s'enfermera dans une facilité presque cabotine.


Tous ces personnages se rencontrent dans un véritable chassé-croisé narratif qui constitue une certaine prouesse en matière de scénario. Jaoui prouve ici une bonne maîtrise du film choral, car tous ses personnages existent, et s'intègrent à la fois dans leurs interrelations et dans l'histoire, qui trouve le juste équilibre entre la complexité et la compréhensibilité. Ainsi le rythme ne posera jamais problème en presque deux heures de film, tandis que Jaoui mettra un point d'honneur à réunir quasiment tous les personnages sous le même message polyamoureux final. Si cette sorte de morale apparaît en fait un peu bâclée et facile, il n'empêche que cette comédie est une réussite plaisante, touchante et plutôt fine.



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