samedi 10 mars 2012

"Extrêmement Fort et Incroyablement Près", Stephen Daldry

Extremely loud and incredibly close. Ce film au long titre étrange mais joli raconte l'histoire d'un enfant de onze ans, dont le père meurt dans les attentats du 11 septembre 2001. Lorsqu'il découvre une clé dans les affaires de son père, il se met en tête d'entreprendre une grande quête à travers tout New York pour trouver ce qu'elle ouvre ; l'occasion d'apprendre à s'émanciper de ses phobies sociales et peut-être de gérer son deuil...


Alors. Parlons tout d'abord de l'aspect prédominant du film : le film est triste. Pas triste à la Dancer in the Dark, façon "si tu ne pleures pas, félicitations, tu n'es pas humain". Triste plutôt à la manière "vas-y que je t'extirpe tes larmes avec des pinces". Les scènes émouvantes de ce film parcourent donc un éventail qui va de "scène subtilement touchante" à "scène ostentatoirement tire-larmes mais qui fonctionne quand même". Les yeux embués du spectateur ne voient pas, sur le coup, les quelques procédés simplistes, habituels mais efficaces qui concourent à sa sécrétion lacrymale incontrôlée. On ressort de la salle avec les yeux peu esthétiquement rouges et le sentiment d'avoir été un peu bafoué, un peu manipulé à cette fin.

L'histoire en tant que telle est assez intéressante, bien pensée et jolie. Elle vogue avec une étonnante fluidité entre les différentes temporalités, créant un rythme assez soutenu où l'ennui n'a pas le temps de s'installer, et où l'intrigue se charge de mystère dont les solutions sont distillées avec équilibre. Elle est de plus étayée d'un certain nombre d'idées mignonnes et attachantes, à l'image de cette multitude de portraits de new-yorkais rencontrés dans tous les districts, dont le personnage de la fantastique Viola Davis, extrêmement touchante et juste. Cela vient compenser les quelques autres éléments un peu trop prévisibles, comme le personnage de Max von Sydow ou la relation avec la mère, ou encore certaines maladresses scénaristiques superflues.

Le film se définit comme une visite de l'enfance : on appréciera cette exploration introspective d'un enfant victime de sa propre imagination. A ce titre, la réalisation suit avec adéquation et propreté les pérégrinations mentales de son protagoniste, et a recours à des procédés efficaces, si ce n'est un peu répétitifs. Si les phobies et les névroses d'Oskar manquent cruellement de finesse et terminent presque en ressort comique, on peut saluer la performance du jeune Thomas Horn qui ne se débrouille pas trop mal compte-tenu des circonstances. Il est porté par une certaine alchimie avec les très bons Tom Hanks et Sandra Bullock, impeccables dans leurs rôles malheureusement peu creusés. Il reste par ailleurs que le livre dont est tiré le film doit sans doute explorer avec plus d'ampleur le complexe sujet du deuil chez l'enfant, mais cette humanisation à toute petite échelle du drame historique est assez dérangeante et regorge d'un intérêt au potentiel bien utilisé.

Au total, le film aurait sans doute gagné à une production plus indépendante et moins mainstream, et à la propagation plus subtile de ses émotions. Toutefois, on suit Oskar sans trop rechigner alors qu'il parcourt New York, représentée plus que jamais comme une ville-jungle, à travers une photographie belle et lisse, dans une histoire qui s'établit sur une gradation ininterrompue.

1 commentaire:

  1. Tire-larmes, plein de bonnes petites idées de réalisation ... Mais est-ce que cela donne un bon film au final ??? Là est la question !

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