mardi 13 mars 2012

"Chronicle", Josh Trank

Trois lycéens, après un accident, se retrouvent dotés de capacités télékinétiques grandissantes, dont la puissance risque de bientôt dépasser leur contrôle. Je trouve que je m'améliore niveau résumé concis de l'histoire d'un film, comme quoi tout arrive. Dans le genre inattendu, il y a aussi le fait que ce film n'est pas un obscur film "d'art et d'essai" mais presque un blockbuster, ce qui n'était pas arrivé depuis un certain temps, remarquons-le. Et dans le genre pas arrivé depuis longtemps, notons le retour de mon accompagnatrice secrète.


Ce film de "super-héros" en est-il vraiment un ? Il reprend bien sûr les habituels procédés métaphoriques assimilant les difficultés de l'adolescence à un combat surnaturel, comme on en parlait à propos de "Buffy" l'autre jour. En effet, les trois personnages regroupent un black populaire et sympathique (Michael B. Jordan (ça ne s'invente pas)), un gars simple à peu près bien dans ses baskets et amoureux (Alex Russell), et un paria asocial et maltraité (Dane DeHaan). Ces garçons de profils différents, interprétés par trois acteurs bien castés qui rempliront convenablement leurs rôles, se rapprocheront grâce à ces étranges pouvoirs qu'ils développent. Ils vont devoir décider eux-mêmes de ce qu'ils en feront : l'origine des dons est inconnue et ils ne sont donc associés à aucune règle. A ce titre, les trois ados vont avoir une réaction assez logique et réaliste, et choisir de surtout s'amuser avec, sans aucune autre ambition. S'en suit un enchaînement de blagues à base de télékinésie, d'un humour extrêmement adolescent et donc pas toujours bienvenu, mais parfois bien pensé. Par la suite, le tout périclite évidemment, à cause d'événements déclencheurs assez prévisibles, mais un retournement de situation central arrivera en revanche de façon inattendue et osée, signant une certaine originalité.


Dans la forme, le film fait le choix désormais plus ou moins courant ("The Blair Witch Project", "Cloverfield"...) de la caméra subjective. Ce procédé est globalement bien utilisé et permettra une certaine plasticité aussi bien dans le récit, par des ellipses intéressantes, que dans la réalisation, car les pouvoirs des héros permettront de dépasser le simple côté caméra à l'épaule pour fournir à la place des plans plus léchés. Cependant, il trouvera aussi rapidement ses limites, lorsque l'histoire ne justifiera plus que les héros prennent la peine de filmer leurs aventures et qu'alors, Josh Trank aura recours à quelques pirouettes scénaristiques  pour amener maladroitement des caméras dans l'histoire... Cela aura en outre le défaut de s'interroger sur le supposé témoin fictif : devant un film qui ne projette que des images enregistrées supposément en temps réel par les personnages eux-mêmes, on est en droit de se demander s'ils ont monté eux-mêmes le film comme résultat de leurs enregistrements. Or, dans ce cas, devant le fait que les images proviennent de plusieurs caméras, dont des caméras d'inconnus, qui est responsable pour le montage de cette "chronique" ? L'idée trouve ici ses failles.


Malgré cela, le film fait son travail de façon satisfaisante. Les effets spéciaux sont remarquables et les personnages attachants bien qu'un brin unidimensionnels. En réalité, "Chronicle" est un divertissement réussi, en ce qu'il est quelque peu ambitieux et tient à se détacher des films de science-fiction traditionnels, dans la forme comme dans le fond. Ainsi, même s'il est balisé par les exigences du genre, celles-ci sont divertissantes et deviennent même intéressantes grâce à cette recherche - quel qu'en soit le résultat - de l'originalité.

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