mardi 31 janvier 2012

Ce que l'on écoutait en Janvier 2012, à usage de nos descendants.

Bon.
Alors.
Euh.
Oui, bon, voilà : comme vous pouvez le voir, j'ai respecté ma tradition : je vous fais un article "music time capsule" pour ce premier mois de 2012. C'est déjà ça.

Mais il est des mois, comme ça, où on a peu de découvertes musicales. En ce début d'année, attiré par d'autres choses, j'ai écouté peu de musique. A fortiori, j'ai écouté peu de musique nouvelle. J'ai profité de l'argent de Noël pour m'offrir quelques disques, mais presque uniquement des disques que je connaissais déjà et que j'avais envie de posséder, à moitié dans une visée parfaitement consumériste, à moitié dans un objectif de soutien des artistes parce que je suis quelqu'un de bien, moi. Bon. Quoi qu'il en soit, voici ce que j'ai écouté en janvier 2012 (et dont je ne vous ai pas encore parlé ces derniers mois).

Eels - Daisies of the Galaxy

Le seul nouveau disque de la playlist "Janvier 2012" sur mon iPod. J'ai toujours aimé Eels, et depuis quelque temps, j'ai décidé d'y prêter une oreille plus attentive, album par album. "Beautiful Freak" était comme dans mes souvenirs du groupe, mais avait cette inattendue patte un peu expérimentale, très roots, avec un son particulièrement spontané. En comparaison, "Daisies of the Galaxy" est plus posé, présente un rock toujours aussi bon mais plus léché, avec moins d'aspérités. Les chansons se découvrent comme des petites pépites presque indépendantes : la joyeuse balade "I Like Birds", l'éternel hymne "A Daisy Through Concrete", ou encore la triste "It's a Mother Fucker". C'est donc dans un autre dynamisme que se place cet album : le groupe semble s'assagir un peu, mais ne perd pas dans la qualité, et garde son originalité, avec notamment l'inclusion de la piste "Estate Sale" qui vient scinder l'album, ou le dernier morceau : l'énergisant "Mr E's Beautiful Blues".




Bon, on en est là pour les découvertes du mois. Mais puisque j'ai pris le temps en ce mois de janvier de ré-apprécier d'anciens albums, je vais vous en faire part, et vous n'avez même pas votre mot à dire, parce qu'ici, c'est moi qui commande, ok ? Bon.

Radiohead - Amnesiac
Radiohead est le meilleur groupe au monde. Voilà.
"Amnesiac" suit le meilleur album du meilleur groupe au monde, "Kid A". Il en est le direct successeur, presque le petit frère, il contient d'ailleurs des pistes additionnelles de son prédécesseur. A ce titre, il n'est que peu surprenant que l'album soit tout aussi réussi. "Amnesiac", c'est l'urgence de l'intro rythmée "Packt Like Sardines in a Crushd Tin Box", qui sonne comme une alarme qui se déclenche autant qu'une mélodie dansante. C'est aussi la minimaliste "Pyramid Song", qui semble monter progressivement vers un triste orgasme, et "Pulk/Pull Revolving Doors", en constant aller-retour vers un électro presque inquiétant. "Amnesiac", c'est la mélodie de "Knives Out" et l'instrumentation de "I Might Be Wrong", les expérimentations jazz de "Life in a Glasshouse" avec le son lancinant de "Hunting Bears" : Radiohead se tient toujours en parfait équilibre entre la chute imminente et le sommet atteint, donnant naissance à une perfection musicale inégalée. La sereine urgence. Parce que "Amnesiac", c'est aussi l'hypnotique "Morning Bell/Amnesiac" dont les supplications semblent intemporelles, et surtout l'indescriptible "You And Whose Army?", au-delà des mots, meilleur titre de l'album.
Radiohead est le meilleur groupe au monde. Voilà.




Brisa Roché - Takes

Vous voyez, ce genre d'artiste assez peu connu du grand public mais que vous adorez plus que tout ? Dont  vous jurez le génie à tous vos amis à qui seule la chanson la plus connue dit vaguement quelque chose ? En ce qui me concerne, c'est Brisa Roché, bien que la belle soit de plus en plus reconnue grâce à son talent évident. "Takes" est son deuxième album. Brisa a la particularité de changer totalement de style à chaque opus : le premier, "The Chase" est très jazz, et le plus récent, "All Right Now", complètement rock'n'roll, tandis que ce second disque est plutôt folk-acoustique. Mais à chaque fois, la qualité est au rendez-vous. "Takes", c'est comme une longue traversée en voiture de la Californie déserte : on alterne entre des hymnes diurnes, parfaitement enthousiasmants et indémodables, tels que le célèbre "Whistle" ou "Breathe In, Speak Out" et le fantastique "Heavy Dreaming" ; et des balades nocturnes, mystérieuses et secrètes : "High", "Halway on", ou le psychédélique "Ali Baba"... Entre temps, le charme à la fois sensuel et quelque peu ingénu de la chanteuse fait mouche, grâce à une voix tout à fait unique et un sens de l'instrumentation merveilleux. L'album possède donc cette continuité d'ensemble, tout en contenant des pépites acoustiques comme l'incroyable "Hand on Steel" et des chansons à la fois rythmées et lancinantes à la "The Choice" ou "The Building". Brisa Roché est inclassable, et pourtant elle réussit à tous les étages : sa musique est irrévérencieuse, originale, douce, piquante et délicieuse. Les textes ont une force d'expression rarement égalée, et aident à créer cette ambiance particulière, pleine de soleil d'hiver et de clair de lune, que Brisa Roché, artiste entière, dépeint par sa musique à la fois spontanée et recherchée.




Jeanne Cherhal - Charade


Jeanne Cherhal fait partie de ces artistes français qui risquent à tout moment de devenir énervants et lassants. Les vieux de l'ancienne "nouvelle scène française" d'il y a presque dix ans (Bam, dans ta gueule, le coup de vieux.), celle qui avait charmé par le vent de nouveauté qu'elle amenait sur la musique française qui se résumait avant cela à six ou sept mastodontes et une multitude de chanteurs qui collectionnaient les reprises inintéressantes. On s'était extasié de cette réappropriation du concept "chanson petite histoire" de Brassens avec les instrumentations d'aujourd'hui... et puis on s'était est lassé. Ensuite, ne sont restés debout que ceux qui ont su exploiter leur spécificité supplémentaire (à condition d'en avoir une). En ce qui concerne Jeanne Cherhal, malgré la faiblesse de sa voix, ce sont son talent au piano, son énergie et son humour qui l'ont sauvée. Après "L'Eau", un album aquatique étonnamment riche, elle est revenue il y a quelques années avec cette "Charade". Musicalement, il est moins diversifié que son prédécesseur : ce sont surtout des cordes et toujours du piano. Quant aux thèmes, l'évolution amorcée suit son cours : on met de côté la chansonnette amusante pour arriver à de vrais morceaux beaux et graves, aux textes simples mais forts, tels que l'hymne "Plus rien ne me fera mal" ou la déclaration "J'ai pas peur". Jeanne Cherhal a trouvé là une nouvelle recette qui potentialise ses forces passées tout en allant de l'avant : elle réussit à saupoudrer de son humour candide des textes intéressants enrobés dans une musique plus sobre et posée. A ce titre, on est à la fois intéressé et amusé devant "Hommes perdus" ou "Qui me vengera". Assagie, elle s'amuse encore, mais son travail est plus sérieux, plus mature, plus intime aussi : la très jolie "charade" dispersée le long de l'album forme un très beau morceau. Si la plus belle chanson reste une reprise, la superbe "Mon corps est une cage", qui met Jeanne face aux limites de ses propres textes en comparaison, on se dit qu'elle est sûrement en train de devenir elle-même une artiste émancipée et grande.


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