mercredi 30 novembre 2011

Ce que l'on écoutait en Novembre 2011, à usage de nos descendants

Ouf, j'ai quand même, non sans mal, poursuivi cette récente tradition...

Metric - "Old World Underground, Where Are You Now ?"

Du très bon rock. Metric pose une musique rythmée, travaillée et intelligente, qui revient incessamment à un fond rock'n'roll dansant tout en installant des mélodies tendres sur des paroles poétiques. C'est ainsi que le groupe alterne avec joie entre les morceaux les plus dynamiques, tels que l'indétrônable "Dead Disco" ou l'acidulé "Succexy", et des morceaux hypnotiques d'une grande émotion, comme l'indescriptible "Calculation Theme" ou la douce conclusion "Love is a Place". Le groupe rappelle The Cardigans : la voix est à la fois grave et claire, sobre et efficace, pendant que l'instrumentation, élégamment rock et discrètement électro, construit des morceaux riches, intimes et brillants, aux paroles entêtantes ("On a Slow Night", "Hustle Rose"). Les chansons se décomposent en parties qui s'enchaînent sans peine dans des transitions les distinguant sonorement de ce qui se fait habituellement et amenant l'auditeur à une attention constante et récompensée par des airs magnifiques. Une vraie réussite pour un groupe inventif.





Florence + the Machine - "The B-Sides Lungs"

Oui bon d'accord ok je me répète... Mais ce mois-ci, à défaut d'écouter le nouvel album, j'ai préféré rester dans la veine de l'ancien en découvrant les "B-Sides" de "Lungs", réunies dans un volume iTunes. Évidemment, l'ensemble s'en retrouve éminemment hétérogène et il est difficile de considérer le tout comme un projet cohérent, puisque ça n'en a jamais été l'intention. Les quelques remixes ("You've got the Dirtee Love" et le Yeasayer Remix de "Dog Days are Over") sont certes moins intéressants que les morceaux originaux, mais savent se les réapproprier pour les emmener dans un genre tout à fait différent. En ce qui concerne les nouvelles chansons, elles s'orientent volontiers vers un versant plus acoustique ("Addicted to Love", "Falling", "Bird Song") ou plus sobre ("Swimming", "Heavy in Your Arms"). On retrouve néanmoins la patte caractéristique de Florence and the Machine dans ces pistes oubliées et certainement transitoires vers le second album, souvent décrit comme plus sombre et moins délirant dans les articles et par Florence Welch elle-même. Ainsi, c'est avec joie que l'on goûte à nouveau à la puissance de la voix, au génie des transitions et à la richesse, cette fois plus simple, de l'instrumentation.






PJ Harvey - "Stories From the City, Stories From the Sea"


Ou comment l'on comprend pourquoi une idole est une idole. PJ Harvey a une voix indéfinissable, rocailleuse, profonde et puissante, qu'elle module sur des rythmes parfaitement adaptés. L'instrumentation semble manier avec grâce plusieurs influences hétéroclites pour créer quelque chose de nouveau, à la fois sombre et fascinant. Chaque morceau est savoureux, et semble enregistré dans une urgence douloureuse, qui le rend à chaque fois puissamment émouvant. Des titres comme "The Whores Hustle and the Hustlers Whore" ou "You Said Something" touchent et font vibrer par leur seule musique, sans que l'on ne comprenne pourquoi, si ce n'est par le talent génial de PJ Harvey. Si certains sont moins accessibles, les morceaux réussissent souvent l'exploit de sembler à la fois intimes et tubesques, comme "This Is Love" ou "Big Exit". Et pour sublimer le tout, comme si ce n'était pas assez, elle se paie le luxe d'un duo avec le divin Thom Yorke sur "This Mess We're In"...




Adele - "21"

Il fallait bien que j'y passe, moi aussi... Alors j'ai essayé. La chanteuse à la voix de diva qui fait chavirer les cœurs et les charts depuis quelque temps déjà est en effet fort convaincante. Cette voix de reine africaine du gospel ne cesse pas de surprendre, et les arrangements jazzy qui l'accompagnent sont agréables. Les tubes sont d'une efficacité indéniable : "Rolling in the Deep," "Someone Like You" et "Set Fire to the Rain" méritent leur succès tant acclamé. A côté d'eux, certains titres sortent aussi du lot, comme par exemple "Rumour Has It", qui sera le prochain single d'ailleurs... Cependant, beaucoup des autres morceaux sont beaucoup moins marquants et forment un ensemble homogène agréable mais peu frappant. L'album en lui-même arbore ainsi une cohérence sympathique mais ne relève pas encore, dans son ensemble, du génie, la faute à un repos un peu trop fréquent sur l'efficacité de la voix et le manque de recherche dans l'instrumentation.

mardi 29 novembre 2011

"Sleeping Beauty", Julia Leigh

Le film a fait parler de lui rapport à sa censure récente : "Interdit aux moins de seize ans"... Je ne pense pas que ce soit à moi de revenir sur la polémique, bien qu'elle soit fondée tant les censeurs semblent ne pas du tout avoir compris le film (comme l'article du Libé de ce week-end le résume bien, entre deux parties erronées et soporifiques) (plus fort que le PIFBP, le PIFBP qui critique les lectures des PIFBP). Il ne m'appartient que d'aller, comme l'affiche corrigée le suggère, "me faire mon propre avis", en allant voir le film - et en vous en rendant compte. (Oui je suis comme ça moi.)


Comme vous le savez peut-être, "Sleeping Beauty" raconte l'histoire étrange d'une jeune fille qui, pour se faire de l'argent, accepte une prostitution particulière : elle boira un puissant somnifère, permettant aux clients de la prestigieuse agence d'abuser comme ils le souhaitent de son corps endormi - aux conditions de ne jamais la pénétrer ni de laisser de traces de leur passage. C'est Emily Browning qui interprète, avec beaucoup de justesse, ce rôle difficile d'une femme à la dérive. Ses problèmes d'argent sont subtilement soulignés : elle a plusieurs emplois, se livre à des expériences médicales comme dans l'anxiogène scène d'ouverture mais doit tout de même frauder pour prendre le métro afin d'aller à son entretien d'embauche. A côté de cela, elle présente un rapport aux autres très particulier : évitant de payer le loyer à ses colocataires, elle préfère sortir toute la nuit dans des boîtes branchées, prendre des drogues diverses et coucher avec le premier venu, avant de venir boire de la vodka avec un ami suicidaire.


Le climat est posé : anxiogène, malsain à souhait, pervers et répugnant. Eros et Thanatos unis dans leurs pires travers. L'histoire semble tronquée : aucune piste n'est donnée au spectateur pour comprendre les liens entre les personnages ou le passé qu'ils amènent avec eux. Ce n'est qu'en s'accrochant au cours du récit que le strict minimum nous sera distillé, à mesure que la nudité de Lucy sera progressivement révélée jusqu'à la frontalité totale devant son corps blanc et échoué, souligné par un silence quasi-constant. C'est un réel travail de compréhension qui est exigé de la part du public, qui pourrait y répugner tant la tâche semble être rendue volontairement plus ardue que de raison... Néanmoins, en jouant le jeu, le rassemblement des éléments procure quelque plaisir, notamment dans la relation entre Lucy et Birdmann : même si on n'en saura jamais tout, il faudra s'en contenter et ainsi, apprendre à se concentrer sur l'essentiel du récit, comme Leigh l'impose.


C'est donc avec un soin obsessionnel que la cinéaste cisèle son premier film. C'est évident à toute seconde : chaque plan obéit à de strictes règles de symétrie classique et d'accord des couleurs. Cette véritable compulsion à la recherche de la perfection esthétique engendre donc des tableaux d'une fine beauté, mais révèle également une volonté de trop bien faire, digne d'un premier film, et qui en gâche parfois l'intention. Cela dit, on notera tout de même des passages d'une rare qualité, notamment de longues scènes réalisées en plan-séquence sans coupure avec une seule caméra fixe, qui ne fait que mettre davantage en valeur les performances de Rachael Blake et Peter Carroll. Le tout résonne avec la beauté lascive et vulnérable de Lucy, sans cesse violée dans les quelques passages exhibés d'une violence physique et morale assumée, lorsque Lucy est profondément endormie. La perversité humaine est mise en lumière plus que jamais, après une dégoûtante mise en bouche lors des premiers emplois de Lucy en tant que serveuse dans des soirées huppées et dégradantes.


Le rapport au corps est rappelé sans cesse, à chaque scène, dans ses éructations, ses miasmes et sa beauté. Mais très vite, on s'interroge sur le fond de la réflexion : est-il à la hauteur de la forme et du soin maladif avec lequel elle a été réalisée ? Quel est le message, s'il en est un, du film ? Ou seulement sa signification, son but ? Julia Leigh manque de clarté : si elle laisse le choix au spectateur d'interpréter son oeuvre comme le simple portrait d'une femme perdue ou comme une réflexion métaphysique sur la nature humaine, est-ce par délicatesse ou par ignorance ? Elle-même ne semble pas toujours le savoir.

lundi 28 novembre 2011

"Toutes Nos Envies", Philippe Lioret

Eh oui me revoilà... Vous ne pensiez tout de même pas que j'allais vous abandonner ? Tant de matraquage publicitaire, de plébiscite pour votre fidélité, d'ingéniosité dans l'écriture et l'élaboration afin de vous rendre aussi dépendants que vous l'êtes aujourd'hui, et je vous laisserais seuls, affamés, en manque ? Allons bon. Vous me connaissez désormais assez pour savoir que je ne suis pas comme ça, moi. Bon. C'est juste qu'après savants calculs, j'ai réalisé que je menais en fait neuf vies. Un peu comme les chats, mais plus, et tout en même temps. Et le blog ne fait partie que de l'une d'entre elles. En attendant je sauve des vies moi Madame ! Je suis un Dokeuteur, un Externe, le Bas de la Chaîne Alimentaire, sans moi et ma capacité hors-pair à m'assoir dans un coin, c'est tout le CHR qui ne peut pas tourner. Alors vous comprenez bien que dans de telles conditions, vous êtes bien mignons, mais il y a plus urgent. Mais revenons donc à nos moutons, voulez-vous. Vous êtes épuisants à ne penser qu'à vous, ici on parle de cinéma, sapristi (si je puis me permettre) (et d'ailleurs je le puis étant donné que c'est chez moi ici. Arrêtez toute cette familiarité c'est épuisant je vous dis!). (BON JE PLAISANTE JE VOUS AIME REVENEZ SUR MON BLOG JE SUIS DÉSOLÉ DE VOUS AVOIR LAISSÉS NE PARTEZ PAS!)

Ahem, ahem. Je disais donc.


Je suis parvenu à m'extirper des obligations des huit autres vies suffisamment longtemps pour quelques séances de cinéma ce mois-ci. Celle dont je vais vous parler aujourd'hui est, comme vous le savez si vous n'avez pas perdu vos habitudes futées de lecteur avide qui pense à lire les titres, "Toutes nos envies". C'est un film de Philippe Lioret, mais ça, je ne l'ai su qu'à la fin, lors du générique. Cela m'a fait bizarre, moi qui avais été tant bouleversé par "Je vais bien, ne t'en fais pas" à l'époque. Cette fois, on parle de la maladie (encore une tumeur au cerveau, je propose de l'élire Maladie Cinématographique de l'Année après ça et ça) : Marie Gillain interprète une jeune juge qui tombe gravement malade et décide de préparer discrètement son grand départ en réglant ses affaires familiales et professionnelles, qui finalement se rejoignent, en puisant sa force dans une relation qu'elle développe avec un juge âgé et aigri.

Le premier attrait du film réside dans cette relation, parfaitement dépeinte grâce à des acteurs compétents : Vincent Lindon livre une performance des plus impeccables, tissant un personnage au juste milieu entre le brut et le sensible, tandis que Marie Gillain s'oriente vers une spontanéité sincère, parfois maladroite mais toujours étonnamment juste. Son allure fragile à la Charlotte Gainsbourg lui confère un avantage conséquent pour le rôle, pour lequel elle a été choisie à merveille. C'est donc une relation entre un homme et une femme qui est ici décrite : et le film évite le grand écueil qui le menaçait, en ne caractérisant jamais cette relation. Elle ne tombera jamais dans une définition trop simple, préférant montrer un lien indicible, au-delà des conventions sociales. Un choix salvateur tant une autre direction aurait sans nul doute gâché le film. Ici, on ne retient au contraire que la sincérité, la simplicité et la beauté de l'union sobre entre deux êtres perdus.


Le film repose également sur un scénario assez bien ficelé, puisqu'il alterne avec aisance entre les différents aspects de la vie de Claire : le penchant professionnel puisqu'elle se bat, avec l'aide de Stéphane, contre le surendettement, avec une retombée bientôt nationale de son affaire, et le penchant personnel, car cette affaire juridique devient rapidement plus intime. C'est sans pathos que Claire va cacher sa maladie à tout le monde et se préparer lentement à partir. Dans ce portrait d'une femme forte et décidée, les moments où sa tristesse et sa faiblesse ressurgissent n'en sont que plus frappants, voire déchirants, notamment lorsqu'elle organise quelque peu le renouveau de la vie de son mari (mention spéciale au fort mignon Yannick Renier) après son décès imminent. En face, le juridique est traité avec clarté et de manière intéressante, toujours en écho avec les vies de Claire et Stéphane, dans leur combat pour sauver Céline, interprétée par Amandine Dewasmes dont le jeu manque parfois un peu de nuance. La résolution de ces histoires ne sera pas des plus surprenantes, mais sera assez juste.


Tout comme "Je vais bien, ne t'en fais pas", "Toutes nos envies" bénéficie donc d'un scénario simple mais cruellement efficace, d'un sujet fort et de dialogues émouvants, mais souffre aussi des quelques défauts de Philippe Lioret. En effet, la réalisation témoigne d'une simplicité souvent outrancière, voire parfois maladroite, quand des gros plans se voulant anxiogènes se révèlent inefficaces. La photographie, toujours un peu froide, laisse un souvenir plutôt dilué des images du film. Fort heureusement, ce manque de style, en vertu de sa simplicité même, a pour avantage de ne pas trop se faire remarquer, et donc de ne pas trop entraver le film. On regrettera simplement l'absence de prise de risque ou d'originalité à ce niveau, qui a le malheur de teinter l'ensemble du métrage avec des airs de téléfilm, en retentissant sur les autres aspects de la production...


Au total, Philippe Lioret offre une œuvre touchante, juste, un peu dure mais jamais cruelle, avec un scénario qui, bien que sans trop de surprises, sait éviter les pièges, et porté par les deux acteurs principaux, brillamment castés. Malheureusement, une réalisation trop banale peine à élever le film au-delà du "bon mélo français".

mardi 1 novembre 2011

"The Artist", Michel Hazanavicius

Je déteste Jean Dujardin. Voilà, c'est dit. Je le trouve violemment prétentieux. Bon, je vous l'accorde, je ne le connais pas - mais c'est là l'image peu pardonnable qu'il a toujours fait ressortir à mes yeux. C'est pourquoi j'hésitais à aller voir "The Artist", la perspective de regarder une heure et demie de Jean Dujardin en train d'être Jean Dujardin ne m'enchantant guère. Mais en vertu de ma récente grande histoire de réconciliations successives, et du fait que je sais désormais comme je suis une référence pour vous et qu'ainsi, je ne pouvais vous laisser dans l'obscurité quant à ce film qui s'impose comme un des films du moment ; je me suis fait violence. Je suis comme ça, moi. Et donc je suis allé voir ce film - en charmante compagnie, de surcroît.


Je ne m'appesantirai guère - les critiques l'ont suffisamment fait - sur le pari que représentait ce film. Le simple fait que l'on se retrouve tout de même dans une salle de cinéma quasiment pleine, en 2011, devant un film muet (en version originale cela dit, remarque faite par charmante compagnie (cf. plus haut)), et qu'en plus, cela fonctionne, en témoigne bien assez. C'est pourtant au-delà que les vraies ambitions du film naissent et le rendent intéressant. En effet, on pouvait largement craindre que Hazanavicius se reposerait simplement sur son concept (c'est-à-dire, donc, pour ceux qui suivent, faire un film muet hollywoodien alors qu'on est en 2011 et, pire, en France) et délivrerait un récit sympathique mais qui s'arrêterait là. Non, le réel exploit a été d'éviter cet écueil pour pousser le film bien plus loin : c'est en fait une véritable réflexion sur le cinéma que l'on nous ouvre ici.


Déjà, le contexte : la mort cruelle, irréversible et soudaine du cinéma muet plonge le comédien le plus connu dans l'oubli profond. Les constats sur les envies du public sont pourtant (tristement) actuelles, et ce n'est pas seulement à cause de la crise financière de l'époque que cela résonne si bien... (A ce titre, le film rappelle le clip de "Chanson d'Amour" de Zazie. C'en est même assez drôle, j'y reviendrai.). C'est donc un personnage qui doit faire face à de violentes mutations sociales, artistiques et économiques ; et l'on peut y retrouver un certain intérêt historique. Mais le récit ne se conforte pas à cette seule période : par des moyens ingénieux, c'est un panoramique de l'histoire du cinéma qui est délivré avec soin et humour. Le film regorge de passages à la mise en scène intelligente et ludique faisant du film un film sur le cinéma : on passe de mise en abyme à double mise en abyme, on nous fournit des jeux de lumière, du cinéma d'ombres, des claquettes, des sons et des écrans. "The Artist" aurait pu s'appeler "The Art" tant il constitue un hommage au cinéma : des films dans le film, un comédien jouant un comédien, un film sur le film... Les niveaux de lecture sont nombreux et extrêmement intelligents, rappelant presque "2001 : A Space Odyssey" dans leur sujet de réflexion.


C'est ainsi que l'on se retrouve happé dans l'univers du film avec un sourire sur le visage et les oreilles grandes ouvertes. On est surpris par l'expressivité de la narration : beaucoup de dialogues n'ont pas besoin de surtitres pour qu'on les comprenne. Le début du récit, rythmé et amusant, gagne le public sans souci. Évidemment, la performance de Jean Dujardin est très bonne et témoigne d'un réel travail de documentation et d'investissement en amont, pour quoi l'acteur mérite le respect. (Rassurez-vous, je ne suis pas réconcilié avec lui, mais je lui suis devenu assez indifférent. Comme Louise Bourgoin.) Bérénice Bejo est un choix absolument impeccable pour son rôle et elle est magnifique. Les autres acteurs, notamment James Cromwell, achèvent un casting léché.


Mais si le film bénéficie des avantages du film muet, à savoir une candeur attachante mais réactualisée, il souffre aussi de ses inconvénients inhérents : ainsi, le récit n'offre aucune surprise. A la place, il enchaîne des clichés fatigants et des péripéties prévisibles dans une évolution inéluctable que l'on a déjà vue et revue cent fois. Les films muets étaient certes saturés de stéréotypes - mais ceux-ci n'en étaient guère à l'époque ! Aujourd'hui, Hazanavicius aurait dû avoir la présence d'esprit d'offrir un récit davantage dans son temps, ou plus fou, plus surprenant. Au contraire, ici, l'intrigue se décompose en deux parties dont la deuxième est longue à mourir, s'étire apparemment volontairement pour finir par devenir horriblement redondante (recours aux mêmes péripéties) et peu rythmée, à cause d'incessants retours en arrière sonnant comme du remplissage. Cela sera en partie rattrapé par la fin, qui n'est pas la plus prévisible qui soit, certes, mais peut-être la deuxième plus prévisible tout de même sur le podium.


C'est ainsi que si "The Artist" pêche par une histoire stéréotypée et même ennuyeuse, il marque surtout par son hommage amoureux et profond au cinéma, non content de faire adhérer son public au concept du film muet. T'as vu comment j'ai tout conclu ce que je viens de dire en une phrase, ouais, ouais, ça c'est l'effet cinéma muet.


L'histoire du clip est aussi complexe que celle du film...
C'est tout de même inquiétant.