jeudi 22 septembre 2011

"La guerre est déclarée", Valérie Donzelli

Ou la joyeuse raison pour laquelle il ne faut jamais aller voir un film avec beaucoup d'attentes, même si tout ce qu'on en a entendu était fortement positif.


Le film raconte une histoire d'amour entre un Roméo et une Juliette, qui ont un enfant, lequel tombe gravement malade. Le scénario n'est donc pas très complexe, sans doute pour laisser une part plus importante à l'émotion inhérente à un sujet aussi chargé en potentiel dramatique ; ainsi, ce n'est pas un problème en soi, bien que certains choix soient parfois discutables. En effet, on s'éternise parfois dans de longues scènes et des situations interminables, sûrement pour suggérer la propre attente agonisante des parents dans la salle d'attente, mais le rythme en pâtit gravement, générant des longueurs d'autant plus visibles quand la fin accélère tout à coup le mouvement sans prévenir, omettant par un concis sommaire des événements qui auraient pu être plus intéressants à regarder, notamment les problèmes du couple. Ce couple, c'est d'ailleurs le couple d'acteurs (Valérie Donzelli est aussi la réalisatrice), dans une œuvre d'autofiction sans doute un peu trop personnelle. Les limites entre réalité et fiction sont ainsi parfois douloureuses, voire hésitantes, et laissent le spectateur dans cet habituel mélange de voyeurisme et d'innocence.


Pourtant, le film est assez honnête. Il dresse notamment un portrait extrêmement réaliste de la vie hospitalière, des médecins, du personnel infirmier, et c'est on ne peut plus rare en matière de cinéma. En ça, le film excelle. Et évidemment, la tragédie du sujet fait forcément mouche. L'émotion est là, la boule dans le ventre arrive, le spectateur se trouve tout bonnement obligé de s'imaginer à la place des parents, d'imaginer son gosse sur le billard. Tout le rapport à la maladie et à la médecine est donc plaisant et intelligent, mais le tout est dilué par ce schéma narratif erratique, et par des procédés cinématographiques absolument désolants, tels qu'une voix-off parfaitement superflue, qui commente par-dessus les dialogues ce qui est en train de se passer tout à fait clairement devant nos yeux, sans apporter de recul non plus puisqu'elle n'intervient qu'à des moments peu importants. On peut mettre dans le même sac une vilaine scène chantée : ratée, inutile, désagréable, mal amenée, elle défigure le couple plus qu'elle ne le glorifie. Ces ratés s'opposent aux autres essais, ceux-ci réussis, qui donnent plus d'intérêt au film : l'emploi idéal d'une musique magnifique, la créativité dans la réalisation de certaines scènes (course dans l'hôpital, rencontre à la fête...). Si toutes les expérimentations ne peuvent pas être aussi victorieuses, au moins, la production aura tenté quelque chose.


Cela dit, le plus gros échec du film réside dans le jeu - si l'on peut parler de jeu. Jérémie Elkaïm surtout impressionne par sa diction digne d'un comédien de théâtre débutant, essayant de bien faire lors de la première lecture de son texte à l'italienne. Un maniérisme et un manque de naturel simplement impardonnables dans sa façon de délivrer son texte ; ainsi ne sera-t-il juste que lors des passages muets. Valérie Donzelli s'en sort un peu mieux, grâce à un rôle plus propice. Les autres, mis à part Michèle Moretti toujours convaincante, sont gentiment oubliables.


Alors oui, d'accord, le film fonctionne. On a parfois envie de pleurer, on s'identifie, le réalisme et l'autofiction aident, et blablabla. Mais c'est surtout parce que le film se repose sur son thème comme d'autres sur des lauriers. Il ne fait qu'exposer une histoire, avec sincérité certes, et la laisse vivre sa propre vie, conscient de la capacité de celle-ci à émouvoir et à faire le travail. Les quelques expérimentations relèvent un peu le niveau avant d'être définitivement plombés par le jeu infâme et des choix délétères de mise en scène.

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